Anthropocentrisme et biocentrisme sont fondamentalement différents quant à la place qu'occupe l'Homme.

Environnement: Anthropocentrisme vs Biocentrisme

Quel différence entre l’Anthropocentrisme et le biocentrisme dans la lutte écologique? Les luttes écologistes est un phénomène plutôt récent dans l’histoire de nos sociétés et leurs messages est de plus en plus bruyants au fur et à mesure que notre emprunte écologique devient plus apparente. Des opérations-chocs à la Greenpeace aux adeptes de la simplicité volontaire en passant par les « granos » et les politiciens du parti vert, les moyens pour permettre la pérennité de la race humaine et un l’équilibre entre notre bien-être et la conservation de notre environnement est un objectif qui ne fait pas l’unanimité quant aux moyens à prendre pour atteindre les objectifs fixés.

Les visions anthropocentristes et biocentristes

Une grande partie de cette discorde découle du fait que le mouvement écologiste est divisé par rapport aux objectifs mêmes à atteindre. Certains étant jugés trop mous ou à l’inverse trop radicaux. Toutefois, nous pouvons rassembler toutes ces teintes au sein de deux grands blocs : une vision anthropocentriste et une autre biocentriste qui permet de mieux expliquer leurs incompréhensions mutuelles.

Nous commencerons donc par donner une définition de chacun de ces deux courants de penser en tentant de donner des exemples concrets qui aideront à mieux en extraire toute leurs essences pour poursuivre avec le choix des luttes de chacun d’eux ainsi que des moyens utilisés pour les mener à bien.

Définition d’anthropocentrisme

Tout d’abord, tous découlent de la manière qu’on place l’homme au sein de son environnement. Est-il en dessus ou au côté des autres formes de vie animale. «L’attribution d’une considération morale exclusive aux seuls êtres humains est qualifiée d’anthropocentrisme. Parce que seuls certains êtres humains sont dotés de rationalité morale […] elles sont générées par des êtres humains». Autrement dit, l’homme prévaut parce qu’il est doté de raison, d’intelligence.

Cette moralité, cette conscience de soi et cette capacité de raisonnement justifieraient alors que l’homme a des droits supérieurs aux autres créatures terrestres parce que cette intelligence lui permet de s’extirper de son état de nature et lui permet de contrôler cette nature, voir s’en affranchir avec comme objectif la conquête de l’immanence. Idéal où l’être humain serait capable de contrôler et créer de manière autonome tous les éléments nécessaires à sa survie et à sa reproduction. Cela nous ramène à analogie de la capsule dans le vide, parfaitement autonome et totalement coupée des impératifs de la nature afin d’entretenir la vie.

Définition de biocentrisme

De l’autre côté du spectre, «différentes théories morales proposent d’inclure l’ensemble des êtres vivants dans la sphère des individus méritant une considération morale directe. On parle alors de biocentrisme». Dans ce cas-ci, l’homme est considéré comme ayant le même statut que les autres créatures vivantes et ne devrait pas jouir d’une considération plus grande quant à préservation de l’environnement. L’homme devrait s’efforcer à vivre en symbiose avec son environnement. Une autre variante est «l’écocentrisme [qui] met l’accent sur l’interconnexion des formes de vie au sein d’un tout complexe et harmonieux».

Une différence idéologique profonde

Comme nous pouvons le constater, la différence est grande entre anthropocentrisme et biocentrisme. La fracture est profonde au cœur même de la conceptualisation de l’homme et de sa place à l’intérieur de son environnement. Il va sans dire que les luttes et les moyens de pression dépendront de la prémisse de départ. Par exemple, les écologistes se basant sur un postulat anthropocentriste penseront qu’ils ont le moyen de changer les choses. Ils sont persuadé qu’ils peuvent influencer favorablement leur environnement. Les politiciens dits écolos mettront l’accent sur les moyens politiques d’y parvenir comme en mettant de l’avant une fiscalité verte, bourse du carbone, subventions aux entreprises écologiques, etc. Ils protégeraient des espaces naturels à l’aide de lois, de chartes et de protocoles.

Les différences en économie

La différence entre biocentrisme et anthropocentrisme est aussi dans l’économie. Les verts anthropocentristes ayant la fibre entrepreneuriale proposeront plutôt de réorienter les moyens de production afin qu’ils soient plus économiques, performants et écologiques dans le but de pérenniser la vie humaine. Par exemple, ils feront la promotion des technologies vertes, de l’utilisation d’énergies renouvelables ou du recyclage. Quant au domaine communautaire, ils promouvront les achats locaux, ayant une faible emprunte écologique. Bref, les anthropocentristes pensent qu’il est possible de préserver notre statut privilégié de «maître de la nature» en faisant, ici et là quelques ajustements judicieux de nos modes de production.

De leur côté, les biocentristes ont une vision beaucoup plus organique de leurs places à l’intérieur de leur environnement. Cela vient du fait qu’ils ne se voient pas comme facteur de changement. C’est-à-dire que leurs actions seront plus portées sur les mentalités que sur le matériel. Un genre de révolution culturelle permanente qui permettrait de prendre conscience de notre interdépendance avec la nature. Par exemple, nous pouvons penser à la théorie de Gaïa des années 70 ou l’exemple contemporain du mouvement vegan. Ces derniers prônant un mode de vie sans aucune forme d’exploitation des animaux. Nous pouvons constater que les moyens d’action mis de l’avant par les tenants du biocentrisme sont d’ordre culturel. Un genre de prise de conscience collective afin de redéfinir notre rapport à notre environnement.

Greenwashing et marketing vert

Nous pouvons en conclure que chacune des deux thèses se défend, mais qu’elles ne sont pas sans lacunes. Certains diront qu’une révolution des mœurs est une manœuvre radicale, utopique, et qu’elle risque fort de trouver de la résistance dans la population. De l’autre côté, nous pouvons déplorer une certaine récupération du mouvement écologiste par le capitalisme par le biais du marketing vert. Les termes biologique et écologique sont devenus des images de marque, un «branding» afin de conquérir des parts de marché. La lutte écologique devient un style, une mode, un moyen de se définir alors qu’elle est totalement déconnectée des enjeux de départ.

Quoi qu’il en soit, les frictions entre les deux factions sont sûrement alimentées par l’urgence d’agir. Le constat est implacable, d’une manière ou d’une autre, il va falloir changer nos façons de faire si nous voulons avoir une chance de nous en sortir et nous avons perdu le luxe de pouvoir nous tromper et de recommencer. Raison de plus pour tenter de trouver une façon de réconcilier les deux approches afin de pouvoir aller de l’avant.

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