L'économiste John Maynard Keynes était libéral à bien des points de vue.

John Maynard Keynes était-il libéral?

Est-ce que John Maynard Keynes était libéral? Dans son texte Suis-je un libéral, Keynes fait part de son processus qui l’a amené à choisir son parti politique. Pour ce faire, l’homme y va par la négative. John Keynes élimine les possibilités une à une pour finir avec le parti politique qui le révulse le moins. Il commence d’abord par décrire pourquoi il ne se reconnaît pas dans le parti conservateur.

Ni conservateur, ni travailliste

Premièrement le parti est trop autocratique et a une franche d’ultras qui ne lui plait pas. Il est aussi agacé par la frange nationaliste et puritaine moraliste. En plus de considérer ses idées économiques comme étant dépassé. Il lance même cette boutade comme quoi il aurait bien aimé être dans le parti conservateur… s’il était né cent ans plus tôt!

À gauche, John Maynard Keynes ne se retrouve pas non plus. Là aussi, le parti travailliste serait dirigé par une frange radicale. Pour lui, les communistes et autres bolchéviques tirent tous le reste du parti trop à gauche. Ce sera toujours les plus motivés, et non pas les plus brillants, qui finiront par prendre le contrôle de ce parti. Pour Keynes, l’idéal se trouve au centre du spectre politique. Soit les conservateurs de gauche et les travaillistes plus à droite. Il reste donc à John Maynard Keynes qu’une seule option, le parti libéral. Il lui propose un programme politique qui lui semble excellent.

Le pacifisme libéral de Keynes

Est-ce que John Keynes était libéral? Chose certaine, il s’affiche résolument comme un pacifiste. D’abord, il considère que les problèmes coloniaux de l’Empire britannique sont pour la plupart résolus. Il met un bémol pour le cas de l’Inde et il pense qu’il est possible d’amener la paix par l’économie. En mettant à genoux l’Allemagne à genoux économiquement après la Première Guerre mondiale, les Européens se nuiraient eux-mêmes. Il propose aussi un désarmement et refuse de mettre le doigt dans l’engrenage des pactes militaires. En outre, il prône plutôt l’arbitrage du Royaume-Uni. Il souhaite que le pays consacre autant d’effort à la paix qu’il en consacrer à la guerre autrefois.

Les considérations morales de John Keynes

Du côté de la moralité, Keynes était plutôt en avance sur son temps. Du moins, qui nageait à contrecourant de son époque sur plusieurs points. D’abord, il est pour la vente de l’alcool, et les jeux de hasard, par l’État. Il est conscient des problèmes que ces vices peuvent amener et se refuse à les laisser dérèglementer. Toutefois, il considère que les hommes ont besoin de s’évader une fois de temps en temps. L’État serait donc la meilleure personne pour gérer ces domaines.

Augmenter les droits des femmes

Keynes s’intéresse aussi beaucoup à la condition des femmes en particulier aux contrôles des naissances et aux méthodes de contraception. Il pense que ces mesures seraient accueillies favorablement par la gent féminine parce qu’elles augmenteraient les libertés de celles-ci. Il propose aussi de ne pas laisser les questions des salaires à la seule loi de l’offre et de la demande. Keynes pense que l’État devrait limiter ces forces économiques en les rendant plus justes et raisonnables. Il propose aussi de revoir les lois concernant les mariages et prône la libération des moeurs sexuelles. Pour lui, la législation et la morale officielle ne sont plus adaptées à la réalité de son époque. Il va même jusqu’à les qualifier de moyenâgeuses.

La vision de John Keynes du gouvernement

Pour Keynes, le gouvernement sera amené à l’avenir à gérer de nombreux domaines qu’il ne s’occupait pas par le passé. Cependant, les députés n’ont pas nécessairement les connaissances qu’il faut pour les gérer convenablement et ces secteurs seraient trop importants pour les laisser au privé sans aucun contrôle. C’est pourquoi il propose une décentralisation du gouvernement en laissant gérer ces domaines par des entités gouvernementales semi-autonomes, à l’image d’Hydro-Québec, où le gouvernement dicterait les grandes lignes de l’institution, mais qui laisserait la gouvernance quotidienne à des experts dans le domaine.

Le rôle de l’État dans l’économie selon Keynes

Si Keynes passa relativement rapidement sur certaines ses idées pour s’attaquer plus longuement au domaine qu’il connaissait le plus, c’est-à-dire l’économie. Tout d’abord, il s’affiche comme un libre-échangiste, car il considère que c’est la seule politique qui, à long terme, est sensée et rigoureuse d’un point de vue intellectuel. Toutefois, pour Keynes, le libre-échange de rime pas nécessairement avec le laisser-faire. Il critique le fait que ce laisser-faire a été érigé au statut de dogme économique alors qu’il ne s’agissait, qu’à la base, d’une idée et non pas d’une théorie vérifiée et vérifiable. Il propose donc de réformer le capitalisme pour le sauver de ses extrêmes.

Pour lui, le gouvernement devrait jouer un rôle actif dans l’économie d’un pays en jouant le rôle de régulateur afin d’aplanir les cycles économiques pour avoir une croissance douce et progressive sans dents de scie. En fait, il n’est pas contre les principes capitalistes, loin de là. Toutefois, il considère que celui-ci a pris une mauvaise tangente et qu’il doit être réformé pour s’inscrire dans la durée. C’est ainsi que Keynes propose une série d’actions dépendant de la situation économique qui prévaut. Pour se faire, il propose que l’État aille une politique monétaire cohérente avec la situation économique du temps en jouant avec les taux d’intérêt.

John Keynes voit l’État comme régulateur

Par exemple, si la situation économique est morose, le gouvernement ne doit pas rester les bras croisés. L’État doit faire des efforts afin de relancer l’économie. Il peut le faire en baissant les taux d’intérêt et ainsi faciliter le crédit, l’investissement et décourager l’épargne pour accélérer la relance économique. Il peut aussi mettre en branle de grands travaux d’intérêt public. Afin d’offrir du travail aux chômeurs et, de ce fait, stimuler la consommation et diminuer la misère de ces mêmes chômeurs.

C’est ainsi que la politique budgétaire d’un gouvernement devrait soutenir la demande et de ce fait favoriser un effet multiplicateur. Inversement, lorsque l’économie commence à s’emballer, Keynes propose de prendre des mesures qui auront pour but de freiner sa montée et ainsi minimiser sa chute prochaine. Encore une fois, les taux d’intérêt jouent une place centrale. En augmentant les taux, le crédit serait plus dispendieux et aurait comme conséquence de favoriser l’épargne. Dans les deux cas de figure le but premier n’est pas de contrôler l’économie en tant que telle. Il faut plutôt aiguiller sa croissance afin qu’elle soit pérenne et ainsi éviter les extrêmes.

Est-ce un libéral?

Il est difficile de répondre à cette question parce que les courants de pensée changent et évolue au gré du temps. Certaines idées jugées conservatrices aujourd’hui étaient jugées comme libérales il y a 100 ans. Inversement, la gauche d’aujourd’hui défend des valeurs qui étaient jugées comme plus à droite à une certaine époque. Prenons l’exemple la diversité culturelle et religieuse. De plus, au sein même du libéralisme, il y a plusieurs courants de pensée. Toutefois, John Maynard Keynes peut-être considéré comme un libéral. Il fait la promotion des libertés individuelles dans plusieurs domaines, par exemple sur la question des mœurs. Ce vivre et laisser vivre dans la tolérance de l’autre me semble être l’essence même du libéralisme.

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