Depuis deux semaines, l’image du David ukrainien résistant contre toute attente au Goliath russe nous inspire, mais est-ce que cette guerre qui s’allonge bénéficiera finalement aux Ukrainiens? Parfois, il est préférable de perdre un peu tout de suite que de perdre beaucoup plus tard.
Vladimir Poutine espérait sûrement que le président Zelensky fuit le pays au premier coup de canon entendu à Kiev, les valises pleines de lingots d’or à l’image d’un dictateur en cavale, pour ainsi pouvoir boucler une campagne militaire aussi rapide que décisive. Ce n’est pas arrivé. Zelensky est toujours en poste, son armée se bat et l’aide internationale de toute sorte se déploie.
Bref, l’invasion de l’Ukraine sera longue et va se payer au prix fort pour les Russes, tant du point de vue militaire, économique et diplomatique. Toutefois, l’invasion du pays se poursuit… Inexorablement. Kilomètre par kilomètre, village par village, l’armée russe avance et resserre son étreinte à l’est du pays.
La démilitarisation de l’Ukraine voulue par le président russe se fait à coup de canon, le territoire revendiqué par les Républiques populaires de Donetsk et de Lougansk est sur le point d’être conquis et le changement de régime souhaité par le Kremlin est effectif où les chars russes sont passés.
Alors, quel genre paix sera négocié lorsque Vladimir Poutine aura atteint ses objectifs, chèrement payés, par la seule force des armes? Dans une semaine ou dans un mois, cela ne fera pas beaucoup de différence sur le résultat final. Penserons-nous que les accords de Minsk, permettant le retour des régions séparatistes au sein d’une Ukraine largement décentralisée, n’étaient peut-être pas si mal que ça?
Trouverons-nous encore un rôle d’arbitre ou de facilitateur dans la résolution du conflit après la vague de sanctions sans précédent mise en branle depuis le début des hostilités ou ce rôle incombera désormais à la Chine?
Que Vladimir Poutine décide d’intégrer à terme les Républiques populaires de Donetsk et Lougansk ou de faire de l’Est ukrainien une large zone tampon entre l’OTAN et ses frontières, nos leviers de négociations pour influencer sa décision seront alors des plus limités.
Restera-t-il d’autres options que d’aller libérer le pays nous-mêmes par la force? Chose qui, soyons honnêtes, a bien peu de chance de se produire. Les Russes tiennent vraisemblablement plus à ce bout d’Ukraine que nous…
Regretterons-nous alors de ne pas avoir pris assez au sérieux les demandes russes concernant l’expansion de l’OTAN? D’avoir peut-être poussé la Russie dans les bras des Chinois de manière définitive en plus d’avoir nourri de faux espoirs en Ukraine?