Le territoire arctique canadien est un important enjeu géopolitique

Arctique: grand absent de l’élection fédérale

Les nombreux feux de forêt de cet été étaient présents pour nous le rappeler, les changements climatiques sont là pour rester. Bien qu’ils apportent surtout leur lot de défis, ils amènent également quelques opportunités. Le Canada fait partie de ces rares « chanceux ». 

Avec la fonte des glaces, l’Arctique devient plus accessible d’année en année et commence à libérer son potentiel : Nouvelles routes maritimes, exploitations pétrolières et gazières, zone de pêches, nouvelles terres habitables, voire cultivables, le Nord regorge d’opportunités. Toutefois, le Canada n’est pas seul dans cette course, les États-Unis, le Danemark, la Norvège et spécialement la Russie lorgnent aussi les possibilités de développement dans la région. 

Alors que les autres pays avancent leurs pions pour le contrôle de ce territoire encore largement inoccupé, le Canada semble se désintéresser de cette large portion de son territoire et l’enjeu est plus que secondaire pour la plupart des formations politiques lors de cette élection. 

Peu d’engagements chez les Libéraux

Prenons l’exemple du Parti libéral du Canada. Dans leur programme de 105 pages, les enjeux liés à l’Arctique n’occupent qu’un paragraphe de quelques lignes où la formation propose de moderniser le Commandement de la défense aérospatiale de l’Amérique du Nord (NORAD) par le déploiement de «nouvelles solutions technologiques pour améliorer la surveillance et le contrôle, en améliorant les systèmes de commandement et de contrôle».

Toutefois, cet engagement pour la défense de l’Arctique n’est accompagné d’aucun investissement spécifique. Les seules sommes dédiées au développement de la région prennent forme d’une enveloppe de 300M$ pour l’exercice budgétaire 2022-2023 (5M$ les années suivantes) pour développer une «stratégie nationale de logement autochtone en zone urbaine, rurale et nordique». Un peu maigre. 

NPD et Verts misent sur la présence autochtone 

S’appuyer sur la présence autochtone pour garantir notre souveraineté dans la région semble également être l’option privilégiée par le NPD et les Verts. Chez le NPD, les vagues mentions de l’Arctique se résument à respecter l’autodétermination inuite et à épauler les communautés en déployant l’internet à haute vitesse dans la région, assurer sa sécurité énergétique et l’accès aux services ainsi que combattre l’insécurité alimentaire via la reformation du programme Nutrition Nord. 

C’est à peu de choses près la même approche chez les verts qui propose d’améliorer la sécurité alimentaire des communautés nordiques via «des groupes à but non lucratif pour construire des serres et des tours hydroponiques» en Arctique ou en développant des infrastructures communautaires, les projets de durabilité régionale, la recherche et la culture nordique. 

Bien que ces plans puissent sembler dérisoires pour garantir notre souveraineté dans l’Arctique, ceux-ci ont le mérite d’être présents alors que d’autres partis n’abordent même pas le sujet dans leurs plateformes. C’est notamment le cas du Bloc québécois où le développement du Nord québécois n’est mentionné nulle part et du Parti populaire qui n’offre rien à se mettre sous la dent sur cet enjeu. 

O’Toole a aussi un plan pour ça

Il nous l’a répété souvent, le chef conservateur a un plan pour tout, même pour l’Arctique. Construction d’installations navales sur l’île de Baffin et à Churchill au Manitoba, projet routier de 230 km pour relier le Nunavut et les Territoire du Nord-Ouest au port de la baie Grays, construction d’une route pour relier le port de Tuktoyaktuk, mise sous tension de ligne hydroélectrique et à fibre optique pour Kivalliq et mise en œuvre d’une diplomatie du Nord. 

Côté militaire, le plan table sur la remise à neuf des emplacements d’opérations avancés de l’Aviation royale canadienne et l’augmentation de la présence militaire dans la région, le lancement de satellites de télécommunication et de surveillance nordiques, la création d’un Centre d’excellence de l’OTAN pour la défense de l’Arctique et le déploiement de brise-glaces additionnels. Le plan est clair, précis, structuré et structurant. Le chef conservateur gagne par défaut sur cet enjeu central de la géopolitique canadienne en étant le seul à offrir plus qu’un bricolage de mesures sans réelles articulations entre elles. 

La ruée vers le Nord, c’est maintenant

Bien que notre souveraineté dans l’Arctique puisse sembler secondaire par rapport à d’autres enjeux de campagne, celui-ci on ne plus d’actualité. De leur côté, les Russes déploient des moyens considérables du point de vue technologique, militaire ou diplomatique pour assurer leur présence dans la région. Ici, le dossier est presque absent des radars. Le contrôle de l’Arctique se joue maintenant et si nos dirigeants ne prennent pas rapidement conscience de son importance stratégique, le Canada risque de perdre cette course avant même d’y avoir participé.

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